« Volumes élégants, couleurs éloquentes, cols en forme de corolle ou de bouche avide, les vases de Nathalie Blanc sont des êtres de chair façonnés par la main et le souffle. L’artiste aime ce corps à corps très physique avec la matière en fusion et assiste elle même le maître verrier, AllainGuillot, qui donne vie aux formes qu’elle conçoit. Quelle jubilation à étirer, couper, cisailler cette texture moelleuse, d’un geste rapide, à la fois puissant et délicat. Sans décor, chaque vase s’anime par l’alliance de la couleur et de la transparence. «L’épaisseur du récipient est comme une peau que l’on peut regarder à l’envers et de l’intérieur», précise Nathalie Blanc. Toucher du regard prend ici tout son sens. Ces vases se dérobent à l’usage domestique. Non point qu’ils ne puissent être un contenant adéquat pour des fleurs, mais parce que la créatrice les a libérés de cette fonction pour les ramener à la seule expression formelle. Panses et orifices sont en fait diablement suggestifs. Car au-delà des courbes délicates il faut y voir des symboles sexuels, féminins autant que masculins. Dotée d’un double cursus, design (qu’elle enseigne) et arts plastiques, Nathalie Blanc, alias Nadine Blandiche pour d’autres types d’oeuvres, joue de l’ambiguïté. Ses créations sont des pièces uniques raffinées, ironiques, impertinentes. Sa maîtrise du volume lui a valu récemment de réaliser la sculpture initiale du piètement en forme de jambe de la chaise Perspective de Pharrell Williams.
Cette chaise est une demande de la firme Domeau § Peres, à qui Nathalie Blanc a déjà eu recours pour d’autres objets en fine peausserie de cuir, des ballons ovales entre autres, tout aussi symbolique. »
Roseline Giusti-Wiedemann
*** Texte extrait du magazine Le Festin, printemps 2009 ***