« Le culte du corps, le goût de l’effort, le dépassement de soi sont autant de thèmes chers à Nadine Blandiche. Mais si l’artiste aime le sport, elle aime, plus encore, érotiser les postures, accessoiriser le corps et inventer de nouvelles règles du jeu.
Dans « Aventures Transalpines », l’artiste teinte les sports de glisse de consonances sexuelles fort suggestives. « La torpille étincelante », une sculpture de lugeur lancé à grande vitesse, matérialise la percée du corps dans l’immatériel, le contact de l’air sur la peau, l’osmose entre l’homme et la machine ainsi que la sensation de vitesse, perçue ici comme un fluide énergétique, aérodynamique et fécondateur. Nadine Blandiche extrait de la tension de la musculature, de cette lutte contre le temps, de la performance et des contraintes ergonomiques, une forme géométrique parfaite. mais si l’artiste ne perd jamais le contrôle sur la forme, la dimension fétichiste, qui émane de l’objet lui échappe totalement. La matière chaude et sensuelle du cuir dont elle recouvre ses sculptures invite à la caresse, à appréhender la forme jusqu’à fusionner avec elle.
De cette texture fine et gainante, Nadine Blandiche scalpe avec bonheur les muscles et les parties intimes, fidèles reproductions des planches d’anatomie. Toutefois le contour des formes, finement serties d’un liseré d’or, a tendance à s’émousser ; la « Grande Matrice réversible », une jambe gainée de cuir se nappe d’une pointe de chantilly, le vagin de « Point de vue…d’un cunnilingus et de l’arête sommitale du mont Dolent » se métamorphose en une grosse meringue sous un paysage de neige. Comme dans les installations de Duchamp (« Etant donné : 1.la chute d’eau, 2.le gaz d’éclairage » et le « Grand Verre »), l’artiste entend disséquer froidement le mécanisme amoureux, révéler ses rouages, analyser les pulsions émotionnelles et générer de toute cette rigueur, plaisir et volupté. L’artiste fait jaillir de son esthétique épurée, violente et chirurgicale, un univers de douceur, de virginité, un peu mièvre à l’image de cette reproduction d’Epinal nichée au creux du « Vagin » entachée de rouge par les gants négligemment abandonnés sur la neige.
comme affranchies de la contrainte de la représentation, du dictat de la fonction et de l’accessoire, les sculptures-objets de Nadine Blandiche alliant sexualité et sensualité sont une ode aux plaisirs érotiques. »
Alexandra Fau
*** Exposition à la Galerie Iragui, du 15 septembre au 15 octobre 2007 ***